On a une relation comme ça... #1
On a une relation comme ça... Emile Zola et moi. Si comme moi, vous aimez Emile Zola et Vincent Delerm, vous serez heureuse de les voir ainsi associés, grâce à Moka. Elle a lancé un défi à tout ceux qui aiment Emile Zola : lire ou relire un volume des Rougon-Macquart chaque mois et partager ensemble nos impressions sur ces romans. Je l'avoue, j'ai toujours eu envie de faire partie d'un club de lecture et je trouve que c'est un peu ce que nous offre Moka. Alors je l'en remercie !
J'ai découvert Emile Zola à la fin du collège, en lisant Germinal. J'ai été séduite et j'ai entrepris de lire tout le fameux cycle. Tout à fait par hasard, le seul que je n'avais pas lu est le premier que Moka propose de lire pour la session 2012 de son défi - et oui, je suis arrivée trop tard sur la blogo pour vivre le début du défi ! -.
J'ai donc découvert avec plaisir - et aussi un peu de crainte - Une page d'amour. Pourquoi un peu de crainte me direz-vous ? Parce que j'ai lu Zola adolescente, je n'avais pas d'enfants et n'étais pas aussi sensible qu'aujourd'hui. Je me souviens bien que certaines oeuvres sont très sombres et j'appréhende un peu leur relecture aujourd'hui. En même temps, c'est cela qui m'a attirée aussi dans ce défi, comparer ma lecture d'Emile Zola il y a une bonne dizaine d'année avec ma lecture d'aujourd'hui...
Hélène est une jeune veuve, mère de Jeanne, 11 ans. Elle n'est pas une veuve éplorée. Elle est d'une douce tranquilité et la vie s'écoule sans heurt, si ce n'est que Jeanne est d'une composition fragile et n'a pas la belle santé de sa mère.
Monsieur Rambaud et son frère, le bon abbé Jouve sont la seule compagnie de la mère et de son enfant. Mais un jour, lors d'une crise de Jeanne, Hélène, désespérée demande l'aide de son voisin, le docteur Deberle. Un amour puissant va naître entre eux. Un amour coupable puisque le docteur Deberle est marié. Un amour coupable aussi aux yeux de Jeanne, enfant maladivement jalouse.
Je ne vous raconterai pas le roman dans le détail, cela n'aurait pas grand intérêt et risquerait de ne pas vous donner envie de le lire or, c'est bien de cela qu'il s'agit, vous donner non seulement l'envie de lire Une page d'amour mais aussi celle de rejoindre le défi !
Emile Zola offre ici à son lecteur une richesse d'émotions que peu d'auteurs à mon sens permettent en un seul roman. Il y a la passion d'Hélène et Henri, cet amour fort et puissant.
" Elle aimait avec la paix et la profondeur d'une âme noble. "
La force de cet amour coupable ne survivra pourtant pas à la perte terrible de Jeanne.
" Et elle évoquait les heures où il l'aimait sans avoir la cruauté de le dire "
Il y a aussi toute la complexité de l'amour maternel et de l'amour filial. Jeanne, cette enfant insaississable dont pour laquelle on ressent tantôt une pitiée à crever le coeur et tantôt une colère sourde qu'on n'ose s'avouer. Jeanne qui préfère se laisser mourrir plutôt que de supporter l'idée de voir sa mère aimer un homme. Jeanne qui refuse de partager sa mère. Cette exclusivité, incompréhensible, terrible, causera leur perte à toutes les deux.
" L'enfant muette et passionnée la serra entre ses bras, comme ne pouvant se détacher d'elle et la défendant contre ceux qui voulaient la lui prendre. "
Et au milieu de toutes ces passions humaines, il y Paris. Paris qui nous ensorcèle et devient ici un des personnages clefs du roman. Zola donne à Paris une humanité que je chérie et qui à elle seule m'aurait fait aimer le roman.
" Paris, justement, ce matin-là, avait la joie et le trouble vague de son coeur. "
Les descriptions de la ville sont merveilleuses, enchanteresses.
Un roman beau et puissant dont, pas aussi sombre que je ne l'avais cru en lisant la quatrième de couverture et qui me donne envie de me replonger dans l'univers des Rougon-Macquart. J'espère que vous aussi !
Venez nous rejoindre avec Nana pour le mois de septembre, en attendant, belle lecture...